Louis-Adolphe Huguet-Latour (1812-1904) est l’un des rares laïcs dont les AJC conservent les archives. Légués à sa mort au Collège Sainte-Marie, plusieurs de ses documents sont entrés par le fait même dans la plus grande collection que détiennent les AJC – la Collection des Archives du Collège Sainte-Marie. Cette pratique était courante parmi les amis des jésuites, des hommes instruits qui évoluaient dans les mêmes cercles. Cet article se penche sur le contenu de son fonds personnel, acquis quelques décennies plus tard.
En 1863, Huguet-Latour publie la première édition de l’Annuaire de Ville-Marie : origine, utilité et progrès des institutions catholiques de Montréal. Dès les premières pages, il fait valoir toute l’importance qu’il accorde au méticuleux travail de consignation des informations permettant de préserver et de construire la mémoire des sociétés :
« Les lacunes, que, forcément, nous serons obligé de laisser quelques fois dans notre plan ainsi conçu, montreront peut-être l’importance pour chaque paroisse, pour chaque maison, chaque collège ou communauté, pour chaque société et même, si l’on veut, pour chaque respectable famille d’avoir un livre distinct et séparé des registres de comptabilité, pour y inscrire, en temps opportun, tout ce qui se rattache historiquement, et à son point de vue, à chaque corps ainsi constitué. Que de belles pages nous aurions aujourd’hui, avec cette méthode, dans cette histoire intime du Canada ! »
Couverture de L’Annuaire de Ville-Marie, Bibliothèque des Jésuites au Canada.
Né d’une famille de la bourgeoisie montréalaise en 1812, Huguet-Latour devient notaire en 1847. Dans les années 1850, il intègre la milice de Montréal, tout comme son père—lui aussi notaire—l’avait fait avant lui.
Parallèlement, il s’implique dans plusieurs sociétés culturelles, dont la Société de tempérance du diocèse de Montréal. Son implication personnelle s’inscrit dans un phénomène social qui prend de l’ampleur dès la fin des années 1840, avec le mouvement initié par le père Charles Chiniquy. Huguet-Latour s’implique aussi dans la Société historique de Montréal, fondée en 1858 par Jacques Viger, de laquelle il devient le premier bibliothécaire.
C’est en effet son intérêt pour l’histoire du Canada et son désir d’en préserver la mémoire qui semble avoir réellement marqué la vie de Huguet-Latour. Les AJC possèdent un fonds d’archives témoignant de son travail de collecte de données portant sur une grande variété de sujets, allant d’observations sur la météorologie de Montréal jusqu’à l’inventaire des livres rares du Collège de Montréal, en passant par des listes de notaires, de procureurs, de chirurgiens…
Graphique des températures mensuelles de Montréal entre 1849 et 1852. GLC BO-81.2.7.1.9.
Le fonds contient aussi des documents qui ne le concernent pas toujours directement, mais qui démontrent son intérêt pour la conservation des témoins de l’histoire. En effet, ce sont sans doute ses notes historiques concernant l’histoire du Bas-Canada qui occupent le plus de place au sein de cette collection de données. Une partie de celles-ci lui ont d’ailleurs servi pour l’écriture de son Annuaire de Ville-Marie. Il a aussi laissé aux jésuites une relique et deux documents signés de la main de Marguerite Bourgeoys.
Liste chronologique de l’introduction de diverses espèces d’arbres en Europe, milieu du 19e siècle. GLC BO-81.2.5.1.7.
Son fonds d’archive comporte en outre une importante correspondance avec divers instituts scientifiques qui témoigne de son intérêt envers la création de riches lieux de savoirs. Pendant plusieurs décennies, Huguet-Latour s’est en effet donné pour mission d’aider ces institutions à constituer leurs bibliothèques et à y inclure des écrits sur l’histoire du Canada en leur faisant parvenir bon nombre de livres et de brochures.
Sources externes
Brault, J.-R. (1993). La société historique de Montréal 1858-1993. Cap-au-diamants, (34), p. 55.
Saint-Pierre, J. (2002). Le mouvement de la tempérance. Encyclobec.